Anne Frank au pays du manga
Une BD de
Alain Lewkowicz
et
Vincent Bourgeau
chez Les Arènes - Arte Éditions
- 2013
Lewkowicz, Alain
(Scénario)
Bourgeau, Vincent
(Dessin)
<N&B>
(Couleurs)
Sainsauve, Marc
(Autres)
Ogawa, Herminien
(Traduction)
11/2013 (08 novembre 2013) 96 pages 9782352042822 Format Manga 203106
Au Japon, Le Journal d’Anne Frank est un inusable best seller. Anne Frank y est une star depuis 1952. Tout le monde a lu son journal et le Japon semble s’être reconnu dans le destin de l’adolescente. Ils sont victimes, elle des nazis et eux de la bombe atomique. Sauf que pour eux, le troisième Reich ne veut pas dire grand chose, c’est une histoire méconnue... Alors même que le destin tragique de la jeune fille est réinterprété en manga, que révèle ce succès sur la mémoire de la seconde guerre mondiale au sein de la société nippone ? Ce voyage en... Lire la suite
Je m'attendais à autre chose en lisant cette BD et j'ai plutôt été surpris par le résultat de cette enquête menée par des journalistes indépendants.
Je me rappelle m'être une fois fait allumer sur ce forum pour avoir dit que la bombe atomique larguée sur Hiroshima fut un mal nécessaire afin d'arrêter la Seconde Guerre Mondiale en économisant 3 millions de vie. J'avais provoqué la fureur et la colère de certains internautes qui se rangeaient aux côtés du Japon impérialiste ayant provoqué et perdu cette guerre. Les américains nous ont délivré par deux fois du joug du Kaiser puis de celui d'Hitler. Je ne cache pas avoir de l'admiration pour ce peuple malgré toutes les critiques et les erreurs également commises au nom de la liberté démocratique.
Cette BD pose une bonne question : pourquoi le Japon essaye de comparer Hiroshima avec l'Holocauste tout en occultant les massacres de Nankin ? Pour rappel, pendant les six semaines que dure le massacre de Nankin, des centaines de milliers de civils et de soldats désarmés sont assassinés et entre 20 000 et 80 000 femmes et enfants sont violés par les soldats de l'armée impériale japonaise. A la fin de la guerre, il y a un déni total de ce qui s'est passé. Les livres d'histoire n'en parlent pas. Ce reportage se concentre sur la vision qu'ont les japonais de leur propre histoire.
Bref, je commence un peu à comprendre la position chinoise quant à la controverse sur le sanctuaire Yasukuni. Par ailleurs, cette BD m'a également ouvert les yeux sur l'activité de l'extrême-droite nippone ainsi que sur une jeunesse complètement infantilisée qui ignore ce qu'est la Shoah. Bref, Anne Frank a permis aux japonais de découvrir l'histoire mais c'est également un moyen détourné de reconnaître leur part de responsabilité. J'avais jusqu'ici une toute autre vision du pays du soleil levant, celui d'un peuple pacifiste ayant tourné le dos à ses démons. Or, ce n'est pas tout à fait le cas...
Au final, un documentaire riche et véritablement instructif sur un sujet qui divise.