Les amateurs
Une BD de
Brecht Evens
chez Actes Sud
(Actes Sud BD)
- 2011
Evens, Brecht
(Scénario)
Evens, Brecht
(Dessin)
Evens, Brecht
(Couleurs)
Rousset, Cécile
(Lettrage)
Nota, Vaidehi
(Traduction)
Boublil, Boris
(Traduction)
10/2011 224 pages 9782330002596 Autre format 146361
Pieterjan, un artiste en manque d’inspiration, accepte l’invitation de la première Biennale d’art de Beerpoele au beau milieu de la campagne flamande. Mais bien vite, il découvre qu’en fait de résidences d’artistes, il s’agit d’une grande kermesse improvisée par Kristof, le gentil organisateur aux mains de géant. Invité d’honneur d’un groupe d’amateurs farfelus, Pieterjan se prend à jouer le guide spirituel et artistique et profite de l’occasion pour convaincre tout ce petit monde de construire ensemble un grand oeuvre au coeur de la lande. Brecht... Lire la suite
Mal m'en a pris !
J’apprécie vraiment acheter mes BD en librairies spécialisées. On discute avec les vendeurs, on échange nos points de vue, on se prend au sérieux, et je repars avec les BD pour lesquelles j’étais arrivé, mais pas seulement. Car j’aime être surpris. Cette fois, j’ai bel et bien été surpris, mais c’est raté.
"Les amateurs" c’est l’histoire d’un artiste en mal de reconnaissance, Pieterjan, qui décide de participer à la première édition d’un festival d’art à Beerpoele, un village paumé de la campagne hollandaise. Sur place un escadron de farfelus l’attend, lui le professionnel, pour créer de l’art ! Pieterjan devra composer avec l’amateurisme de ces drôles d’oiseaux pour donner naissance à une œuvre collective…. Un scénario qui m’a semblé totalement divaguer.
Côté dessin, Brecht Evans a un style tout en "explosivité" pour ne pas dire totalement cacophonique. Les couleurs sont nombreuses et vives. Ses aquarelles sans cases sont déstructurées. Il joue avec la superposition, mais ce jeu m’a totalement perdu. Je ne me suis pas amusé avec lui.
Je peux imaginer que certains apprécient ce dessinateur qui avait reçu le prix de "l’audace" Angoulême 2010. Et je suis d’accord c’est très "audacieux", mais pas à mon goût.
http://bdsulli.wordpress.com/
Comment juger un tel OGNI (objet graphique non identifié) et par quel bout le prendre, nom d’un petit homme vert !? C’est une sorte de mélange entre le livre pour enfants et le conte philosophique, dans lequel l’auteur décide de massacrer (presque) tous les codes du 9ème art. L’objet est assez plaisant mais totalement hybride, on a parfois l’impression de regarder un livre d’art naïf avec des aquarelles pleine page insérées aléatoirement au fil de l’histoire. La seule chose qui rappelle la BD est qu’on a bien affaire à une « juxtaposition d’images fixes en séquences » (ou « art séquentiel ») selon l’expression de Scott Mc Cloud (« L’Art invisible »). L’auteur ne s’est évidemment pas donné la peine de mettre ses dessins en boîtes (non, ses boîtes à lui sont dans l’histoire, il a l’air vraiment fasciné par les boites !), je veux dire en cases, préférant la jouer « no limit ».
Et puis il y a même une histoire aussi, et même si j’ai un peu pris peur au début, je me suis finalement laissé prendre au jeu. En fait, Brecht Evens nous raconte un projet un peu bancal réunissant une bande de bras cassés qui a priori n’ont rien à voir les uns avec les autres. De cette rencontre improbable va naître une étrange alchimie qui va finir par galvaniser les esprits, avec tous les problèmes d’égo que cela peut engendrer, pour donner au final une œuvre monumentale des plus inattendues…
Dire que j’ai adoré serait exagéré, mais je dois admettre l’audace de l’entreprise. En fin de compte, je ressors assez partagé. Par exemple, j’ai plutôt bien apprécié les « tableaux » pleine page aux couleurs magnifiques, qui dégagent une vraie magie, naviguant entre le post-hypo-naïf et le néo-exo-impressionniste, à moins que ce ne soit du pseudo-péri-pointillisme (ne cherchez pas ce que ça veut dire, c’est moi qui ai inventé ça...). D’autres fois, j’ai trouvé ça au mieux sans intérêt et au pire rebutant, avec cette vague impression (un peu agaçante) que l’artiste, un rien feignasse, a abstractisé une bonne part de ses délires à l’aide une truelle (et des couleurs parfois criardes aussi), une façon peut-être de souligner qu’on a bien affaire à un objet anticonformiste…. et « amateur » ! Cet ouvrage est, vous l’aurez compris, plein de paradoxes, un peu comme si Evens se jouait constamment du lecteur et cherchait à titiller son approche de l’art et à démasquer le snob qui sommeille en lui. Même les dialogues, simplistes voire nunuches, vont parfois côtoyer l’absurde…
A relire peut-être pour en apprécier toutes les subtilités. Une chose est sûre, ceci devrait attirer les amateurs d’art et ceux qui aiment l’inédit.