Alger la Noire
Une BD de
Jacques Ferrandez
chez Casterman
- 2012
Ferrandez, Jacques
(Scénario)
Ferrandez, Jacques
(Dessin)
Ferrandez, Jacques
(Couleurs)
Attia, Maurice
(Adapté de)
03/2012 (28 mars 2012) 128 pages 9782203045651 Autre format 158423
Jacques Ferrandez renoue avec sa passion pour Alger en adaptant en bande dessinée le polar de Maurice Attia.
Cet album est un polar sur fond de fin de guerre d'Algérie (l'action se déroule entre janvier et mai 1962), et de règlement de comptes entre partisans de l'OAS et du FLN.
Nous suivons une enquête policière particulièrement glauque,le tout dans une atmosphère très sombre. Une famille bourgeoise "pied noir" où les secrets de familles sont pas si bien gardés que cela, des non-dits du côté de la famille d'origine "algérienne", bref un cocktail explosif dans lequel doit s'engouffrer le jeune inspecteur Paco.
L'intrigue ,si elle semble simple au début, finit par s'embrouiller au fil des pages, c'est un peu dommage on finit par s'y perdre dans le nombre de protagonistes.
Les scènes de sexe, quant à elles, n'apportent rien à l'histoire et Ferrandez semble mal à l'aise pour les dessiner.
Même si je ne suis pas trop fan du dessin de Ferrandez (parfois assez figé, par rapport à d'autres de ses albums que j'ai seulement feuilleté), j'ai toutefois passé un agréable moment avec cette bande dessinée.
J'ai gardé presque 4 ans cette Bd dans ma bibliothèque, sans la lire.
J'aime beaucoup le travail de Ferrandez, sur "Carnets d'Orient", alors j'avais peur d'être déçu par ce polar qui se déroule au même endroit, mais à une autre époque.
Et puis, les histoires "courtes" en un seul volume ne sont pas ma tasse de thé, comme je l'ai déjà évoqué, en raison des difficultés à rendre intéressant un/des personnage(s) en moins de 100 pages.
Ici, l'histoire est touffue et va à cent à l'heure.
Aucun temps mort, on passe d'une semaine à l'autre sans s'attarder.
Le contexte historique est intéressant car très peu évoqué, ni en BD ni dans un autre genre, ciné, ou tv (sauf peut-être en roman ?).
L'histoire plaira à ceux qui connaissent le pays (l'Algérie) aussi bien à ceux, comme moi, qui ne le connaissent pas, ni le contexte des "évènements d'Algérie".
C'est un polar, un vrai, rien à dire à ce sujet.
Sauf que...
Sauf que ça ne parle que de sexe pendant tout l'album.
A croire qu'en 62, toute l'Algérie, française ou pas, ne pensait qu'à deux choses : tuer son voisin et baiser.
Et c'est là qu'on décroche.
Ca ne sonne pas "1962".
Les personnages sont trop "libérés", post-68 pour qu'on y croit. Inceste, pédérastie, limite pédophilie, fellation, sodomie, on a droit à tout, et j'insiste dessus car on a l'impression que c'est le sujet de l'album.
Ne reste que cela, à l'issue de l'histoire, une partouze animée sur 128 pages, avec un peu de tueries de temps en temps pour reprendre des forces, avant chaque nouvelle scène de sexe.
Pourtant, il n'y a pas que cela dans cette album.
Mais c'est ce qui reste quand on l'a fini.
Après, j'ai un autre sentiment, (et ma femme, qui a lu l'album et qui est algérienne, m'a dit que c'est assez proche de la réalité de l'époque, cette fois), celui que ce polar se déroule en Algérie, mais avec des "français de souche", et que la population algérienne est tenue à l'écart de l'histoire.
Contrairement aux "Carnets d'Orient", les algériens n'existent quasiment pas dans cette histoire, qui aurait pu se dérouler sur la Cote d'Azur sans que cela ne nuise à ce polar.
Cet entre-soi me dérange, et pour qu'on puisse vraiment ressentir cette "Alger la noire", il aurait fallut ajouter un peu plus que quelques mots en arabe.
Mais j'ai quand même lu ce polar jusqu'au bout. Il n'est donc pas si mauvais que cela.
Je suis d'accord avec l'avis d'un visiteur, la scène de fellation n'apporte rien du tout à l'histoire, elle surprend et donne plutôt envie de refermer le livre.
Bref, pas un mauvais livre, un contexte historique intéressant et original, mais pas assez bien exploité du fait de l'absence de personnages algériens (avec une vraie personnalité, un rôle dans l'histoire, et pas seulement pour ouvrir une porte ou pousser un fauteuil roulant).
Les dessins de Ferrandez sont toujours très bon. L'intrigue est pas mal, mais dommage qu'il y ait des approximations historiques et de la libre interprétation pour ne pas dire du parti pris idéologique.
Enfin, la scène de fellation en presque gros plan n'apporte rien du tout à l'histoire voire la dessert.
Un vrai polar pur et dur sur fonds de guerre civile entre français. L'intrigue est tortueuse à souhait et il faut s'accrocher pour suivre sans s'y perdre. Mais au total cela donne une intrigue bien ficelée avec un contrepoint intéressant sur l'ambiance algérienne de cette fin de colonisation. Cela ne vaut toutefois pas la grande fresque de Ferrandez sur l'histoire de l'Algérie coloniale.
Le roman policier devait surement être très bon et cette adaptation réussie à en rendre l'ambiance particulière. Mais peut-être l'original se suffisait à lui-même ?
Alger la noire place l’intrigue au début de l’année 1962. Paco Martinez et Maurice Choukroun sont deux policiers qui aiment bosser ensemble et surtout qui aiment le risque. Maurice est proche de sa fin de carrière, mais il va se faire embarquer par Paco, dans une investigation sur le meurtre d'un couple (Estelle et Mouloud) retrouvés morts et mutilés sur une plage d'Alger. Sur le dos de Mouloud, une inscription : OAS (Organisation Armée Secrète).
Dans un climat de terreur du fait des attentats de l’OAS et des réglements de compte a tout va, dans une Algérie au bord de la guerre civile, Paco Martinez refuse de prendre parti, et s'accroche à son job de flic. Mais, est-ce bien l’OAS qui revendique ce crime ignoble ? Ou, est-ce que les choses sont plus complexes qu’elles n’y paraissent ? Meurtre crapuleux ou exécution sur fond de nettoyage ethnique ? L’enquête devra le déterminer...
Et quelle enquête ! Un thriller palpitant, excitant, de haute tension, entre passion politique et affaire de moeurs... Où comment s'évertuer à trouver le coupable d'un double meurtre alors que des morts se comptent par dizaine chaque jour ?
Les deux auteurs sont nés à Alger et cet ouvrage historique est presque doublement autobiographique. En effet, les différents évènements et les personnages sont revisités par la mémoire de Maurice Attia, jeune enfant de treize ans au moments des faits, alors que Jacques Ferrandez, lui ne s'en souviens pas, il n'avait que six ans... Mais tous les deux en sont amoureux de cette Algérie d'époque et d'aujourd'hui, et cela se ressent dans cette lecture.
Jacques Ferrandez a achevé Carnets d’Orient en 2009, sa série phare en 10 volumes qui narre de manière bien documentée l’histoire de la colonisation française en Algérie jusqu’à son terme en 1962.
Ici, dans Alger la noire, l'histoire est comprise entre janvier et mai 1962. Une période faste de l'Algérie, puisque c'est le moment où l'Algérie française ne le sera plus... C'est vraiment intense, et on ne perd pas le fil, ni sur l'avancée de l'enquête, ni sur celui des évènements historique suivis en parallèle. C'est précis et précieux.
Les dessins et les couleurs sont vraiment en adéquation avec le sujet : tantôt blanchâtre lorsqu'il s'agit de montrer des décors d'Alger la Blanche, tantôt rougeâtre pour les scènes d'amour chaudes et terribles, tantôt noirâtre pour les moments violents. Dans un rythme soutenu, l'adaptation en bande dessinée n'en est pas moins optimiste.
Au au moment où la France commémore le 50ème anniversaire des Accords d’Evian ayant mis fin à la Guerre d'Algérie, le nouvel Album de Jacques Ferrandez, est instructif, explosif, qui tombe à point...