Aïvali
Une BD de Soloup chez Steinkis - 2015
09/2015 (23 septembre 2015) 404 pages 9791090090705 Autre format 258011
24 juillet 1923 : Signature du Traité de Lausanne, dernier traité résultant de la Première Guerre mondiale. Entre autres, le traité institue des échanges de populations obligatoires entre la Grèce et la Turquie : 1,5 million de Grecs ottomans et 500 000 Turcs de Grèce doivent passer d’un territoire à l’autre. Cette « catastrophe » comme les Grecs nomment encore aujourd’hui cet exode, les grands-parents de l’auteur l’ont vécu. Pour l’évoquer, il choisit Aïvali, presqu’île aujourd’hui turque située sur la rive opposée à l’île grecque de Lesbos, elle... Lire la suite
Même si on est féru en histoire, on ne peut tout connaitre. Ainsi, j’ignorais totalement le destin de cette ville côtière située en Turquie en face des îles grecques. Aivali était doté d’un statut particulier sous l’Empire ottoman. A la chute de cet empire suite à la défaite de la Première Guerre Mondiale, les alliés ont lâché les grecs vivant en Asie Mineure et qui étaient présents depuis Alexandre le Grand dans l’Antiquité.
Le traité de Lausanne de 1923 imposait un échange de population qui s’est déroulé dans les pires conditions. Il faut dire que cela a concerné près de deux millions de personnes. En Grèce, on a parlé de cet épisode trouble comme de la grande catastrophe. C’est toute cette histoire dans la grande histoire qui nous est conté. Juste un regret : ce traité de Lausanne remplace le traité de Sèvres signé en 1920 qui prévoyait la mise en place d’un Etat Kurde et d’un Etat arménien ainsi que la domination grecque sur la région de Smyrne. S’il avait été appliqué, on aurait sans doute évité bien des conflits par la suite. Paradoxalement, ce deuxième traité était très favorable aux vaincus qui avaient pris soin de se retourner contre le pouvoir central en établissant par la même occasion une soi-disant République. Bon, en même temps, on peut comprendre des individus qui n’acceptent pas une paix humiliante.
A noter que ce roman graphique prendra les deux points de vue en considération et que la philosophie va au-delà de prendre parti. C’est surtout la souffrance qui est pris en compte que l’on soit d’un côté ou de l’autre. On se cherche toujours des ennemis pour ne pas avoir à s’affronter soi-même. Au-delà de cet angélisme, il faut comprendre également que beaucoup de grecs (les hommes de 18 à 45 ans) ont été déporté en 1921 comme le furent les arméniens quelques années plus tôt. Les exactions des uns ont provoqué les atrocités des autres. Bref, il faut également savoir doser.
Je reprocherais juste la longueur un peu excessive de ce roman graphique qui passe d’un témoignage imagé à l’autre. Pour le reste, c’est toujours intéressant d’apprendre de nouvelles choses sur un conflit méconnu mais qui visiblement a encore un impact sur cette région de nos jours. Les habitants ont été les victimes collatérales d’accord diplomatiques : c’est ce qu’il faudra retenir.