Adrastée
INT. Intégrale
Une BD de Mathieu Bablet chez Ankama Éditions - 2016
09/2016 (02 septembre 2016) 144 pages 9782359109870 Grand format 287580
Après une vie d'un millénaire, la disparition des siens et de son peuple, le roi d'Hyperborée voyage vers le Mont Olympe pour interroger les dieux sur son étrange nature et ce qu'il reste de sa destinée. Cet album réunit les deux tomes de la série.
Beau et parfois hypnotique... Cette errance hors du temps dans un espace indéfinissable ne plaira peut-être pas au lecteur qui veut « un bon scénar bien ficelé » mais touchera au cœur les autres.
Certaines planches où le personnage disparaît, minuscule, dans un paysage de ruines, vous aspirent littéralement!
Pas vraiment une BD mais une œuvre d’art sûrement :-)
L’édition originale comporte deux volumes, ensuite rassemblés en une intégrale très joliment fabriquée en grand format (comme pour Shangri-la). Vu que la césure n’a pas d’intérêt scénaristique, l’édition intégrale peut être considérée comme la seule intéressante.
L’homme est immortel. Il a vu tomber sa cité, son peuple, sa famille. Il ne se souvient plus. Errant à travers la Grèce antique, il cherche à comprendre le pourquoi de son immortalité, jusqu’à défier les dieux de l’Olympe.
C’est étonnant, j’ai lu la série Heraklès et cet album de Mathieu Bablet dans la foulée et les deux ont a peu près le même questionnement: comment un être immortel peut-il cohabiter avec les hommes alors qu’il est semblable à un dieu? Comment peut-il s’intégrer, être accepté alors qu’il est « anormal ». Si l’album d’Edouard Cour est plus axé action et humour, celui de Bablet est clairement contemplatif et philosophique. Pourtant c’est la même envie qui a visiblement lancé ces deux jeunes auteurs sur leur album qui comprennent d’ailleurs tous deux un lexique des personnages en fin de volume.
Bablet m’avait soufflé avec son Shangri-la, salué unanimement malgré un dessin des personnages qui a entraîné des débats. Je dois dire que dès son deuxième album (Adrastée, publié avant Shangri-la donc…) son style est installé, avec ses forces et ses faiblesses: oui ses personnages sont plats, sans expression, peu esthétiques. Ses décors en revanche… quelle virtuosité, quelle ambition! Bablet cisèle ses planches avec une minutie extrême et une prédilection pour les architectures rectilignes, les pavages à perte de vue, par ailleurs déstructurés en des amoncellements cyclopéens envahis par la nature. Les points de vue vertigineux sont impressionnants et gonflés. Il y a du « level design » dans ses albums, cette envie de construire un tableau dans lequel ses personnages statiques pourront se déplacer (l’intérieur de couverture représente d’ailleurs le périple du héros en mode jeu vidéo sprité). Les détails semblent prévus pour annoncer le cheminement du personnage, descendant un escalier puis passant sous une arche, etc. Vous m’excuserez l’analogie mais on peut retrouver l’esprit des albums « où est Charlie » dans cette profusion… Clairement chaque album de Mathieu Bablet est une claque.
L’histoire en revanche m’a laissé sur ma faim. Peut-être n’étais-je pas assez concentré (l’album est contemplatif, énormément de passages voient des successions de cheminements muets dans des paysages grandioses), mais je n’ai pas été accroché par cette histoire hormis le côté visuel. Pour revenir à Heraklès, moins précis graphiquement mais autrement plus maîtrisé sur le plan de la BD, j’ai pris bien plus de plaisir sur l’album d’Edouard Cour. Adrastée se savourera néanmoins en grand format pour ses planches, mais là où les thématiques SF de Shangri-la avaient fait mouche et permis de dépasser ses lacunes, Adrastée est un peu court niveau intrigue et dialogues. Pour un second album cela reste diablement ambitieux et bien construit. Mais je le conseille pour les fans de mythologie grecque et ceux que les personnages de Bablet n’ont pas gêné.
A lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2018/02/06/adrastee/
Comme toujours avec Mathieu Bablet, voila une oeuvre qui est destinée à faire réfléchir le lecteur. Ici il s'agit de la place de l'homme et de sa condition de mortel dans la société. Est ce qu'un homme mortel peut être immortel car à jamais dans la mémoire des autres de par la trace qu'il a laissée ? Ou au contraire faut-il être immortel pour que l'on se souvienne ? A quoi est-il destiné ? Chacun se fait son opinion au fur et à mesure de la déambulation du personnage principale dans sa quête.
A travers les longues pages sans texte, on admire le dessin sublime, notamment au niveau de l'architecture très détaillée des cités antiques, renforcé par la mise en couleur pastel qui donne une atmosphère presque magique, à mis chemin entre le rêve et la réalité. Le coté mythologique voulu par l'auteur n'en ai que plus réel.
L'intégrale rend tous ce travail encore plus abouti.
Un régal à tout point de vue.
Voilà une œuvre magistrale mais tous les lecteurs ne pourront pas y adhérer.
145 pages d’errance métaphysique qu’arpente un héros immortel et loin de ce que la mythologie prescrit habituellement... Ici, il est fragile, anonyme, égaré, rongé de solitude et d’égoïsme, traversant de sa silhouette androgyne ce qui compte parmi les plus belles planches que l’on puisse imaginer en BD ! La somptueuse colorisation transforme les décors en visions éthérées, comme sorties d’un rêve. Des cités antiques démesurées, des paysages submergés de lumières vaporeuses, des créatures tantôt grotesques, tantôt magnifiques à l’image du merveilleux Tanos de la couverture !! L’ensemble est un miracle visuel malgré les défauts dont le dessin n’est pas exempt (comme dans « Shangri La » d'ailleurs); C’est là la signature d’un auteur déjà majeur !
De surcroit ce n’est pas que beau : La narration, théâtrale au sens propre du terme, fait du récit une véritable chanson de geste teintée d’ironie douce et de mélancolie.
Tout simplement magnifique!
Marche en avant dans un monde mythologique et poétique visuellement à couper le souffle.
Œuvre qui supporte mieux la version intégrale. En effet, elle se montre plus aboutie dans ce format, comme à l'image de Shangri-La.
Magnifique intégrale.
Je suis resté plusieurs fois à contempler une case en essayant de m’immerger dedans. Les différents décors sont sublimes !
Niveau scénario, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre le périple de cette âme tourmentée cherchant des réponses à la vie et à la mort.
Une excellente épopée contemplative.
Mention spéciale à l'édition qui avec cette belle couverture, la tranche toilée et un petit dossier des personnages et divinité à la fin est magnifique pour un prix plus qu’honnête.