20 ans ferme
Une BD de Sylvain Ricard et Nicoby chez Futuropolis - 2012
03/2012 (08 mars 2012) 96 pages 9782754805865 Format normal 158030
1985. Après avoir participé à un braquage, Milan est arrêté par la police. C'est le début d'une longue descente en enfer. Milan supporte mal la promiscuité de la prison, l'entassement, la sensation d'être moins bien traité qu'une bête qui va à l'abattoir. Il va donc régulièrement remettre en cause les pratiques souvent arbitraires en cours dans les prisons. Les révoltes et les bagarres le conduisent au quartier disciplinaire. Sa réputation de mauvais garçon grandit. Milan est constamment conduit d'une prison à l'autre, à son grand désespoir et... Lire la suite
20 ans ferme est l'un des meilleurs récits que j'ai pu lire pour expliquer le problème de l'incarcération. Il est clair que la société civile se désintéresse totalement de la question car elle a d'autres préoccupations. A travers l'histoire d'un détenu, on arrive à percevoir toute l'injustice d'un tel système qui brise totalement la personne. En effet, les prisonniers sont traités pire que des animaux et les exemples ne manqueront pas dans ce documentaire. Ils ne méritent pas un tel traitement malgré tout ce qu'ils ont pu faire. Et puis, on mélangera volontiers les tueurs et les voleurs car ce qui n'est absolument pas accepté c'est le révolté contre un système totalement injuste.
En l'espèce, nous avons un voleur qui a arraché des biens à des personnes qui en ont accumulé plus que de raison et qui ne cesse de s'enrichir car ils ont été élevé dans le culte de la possession. Plus ils en ont, plus il leur en faut. Un peu comme ceux qui partent en Belgique ou ailleurs pour ne pas payer l'impôt représentant la solidarité nationale. Bref, je n'ai absolument aucune compassion pour eux et j'en arrive même à comprendre les motivations d'un cambrioleur qui prend sans demander de permission. Attention, comprendre ne veut pas dire accepter. La misère sous toutes ses formes est à l'origine de tous les maux.
Il est vrai que de manière générale, la société repliée sur elle-même, est peu disposée à accorder plus de droits aux prisonniers en leur permettant simplement d'avoir une incarcération décente. J'en ai entendu qui pense qu'on transforme les prisons en Club Méditerranée ce qui est très loin d'être le cas. On rejette en bloc tous ceux qui sont en prison. Il n'y a aucune tolérance et même lorsqu'ils ont payé leurs dettes à la société.
Plus de douche, plus de parloir, plus de considération: c'est la revendication des prisonniers. N'est 'elle pas légitime ? Chaque être humain a droit à la dignité et à la propreté. C'est tellement évident. Face à ces revendications, la réponse est toujours la même: le refus aveugle. L'administration répond par la violence, la hargne, l'humiliation. Pour moi, cette déshumanisation est inacceptable. Il faut revoir le système de fond en comble. Espérons que cette bd apportera la conscience nécessaire. Mais au vu de ce que je vois, ce n'est pas gagné !