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Poussé par le hasard, le Chevalier emmène Mariotte et l'Anicet dans sa quête de rédemption dont lui-même distingue à peine le sens. Dans le premier tome, les trois compagnons s'endorment dans le « bois des brumes » et entrent dans un rêve où il est question de lutins étranges et d'une Malbête à combattre. De justesse, cette première quête onirique est un succès. Dans le second opus, les lutins du bois des brumes appellent à l'aide les compagnons pour les délivrer des Dhuards, sortes de monstres maléfiques, qui les oppriment. À nouveau, l'essentiel du récit se passe en rêve mais, comme le pressentent les compagnons, ce n'en est pas moins important et dangereux. Les compagnons arrivent enfin dans le dernier épisode à la ville de Montroy où ils décident de passer l'hiver. Dame Neyrelle seigneur du château n'est pas indifférente à l'arrivée du chevalier dans sa ville et manigance pour que les compagnons soient hébergés au château... Analyse Il y a d'abord la guerre de Cent Ans qui emprisonne les personnages dans un univers d'insécurité et de violence : les compagnies vivent sur le pays de pillages. Il ne fait pas bon voyager seul (surtout pour une femme) et l'Anicet et Mariotte n'ont guère d'autre choix que de suivre le Chevalier. François Bourgeon est aussi à la recherche d'une certaine celtitude à travers son récit : le personnage du trouvère breton en est un exemple ainsi que les personnages des trois sirènes (Blanche, Neyrelle et Carmine) et Merlin l'enchanteur. L'histoire évoque aussi les limites floues entre la tradition celtique et la tradition chrétienne. Ainsi on apprend que les dates de certaines fêtes chrétiennes coïncident à dessein avec des fêtes celtiques. En contrepoint au récit, un druide apprend à son disciple les strophes du poème Les Séries1. Le thème le plus original est l'évocation d'un monde dominé par la lutte de trois forces transcendantes : – la force blanche qui symbolise le bien et la pureté ; – la force noire représente la mort et la destruction c'est le maître de la mort dans le récit ; – la force rouge incarnée par la vie, les sentiments et la passion. Ces trois forces s'affrontent à travers des personnages réels ou fantastiques: Yuna et la Dame Blanche, les lutins et les Dhuards, Mariotte et Carmine, ou les trois sirènes qui les symbolisent toutes. D'après Patrick Gaumer2, dans cette série très documentée où se retrouvent « la rigueur historique et la magie », Bourgeon « s'attache à restituer toute l'authenticité et la rudesse » de la guerre de Cent ans et n'hésite pas « à employer un langage expressif et truculent ». L'album Dans le sillage des sirènes (1992) propose une relecture de la trilogie par l'historien Michel Thiébaut.