La venin
2. Lame de fond
Une BD de
Laurent Astier
chez Rue de Sèvres
- 2020
Astier, Laurent
(Scénario)
Astier, Laurent
(Dessin)
Astier, Laurent
(Couleurs)
Ruault, Jean-Luc
(Lettrage)
01/2020 (08 janvier 2020) 56 pages 9782369815860 Grand format 382890
Emilie est recherchée et sa tête est mise à prix. Poursuivant sa fuite en tenue de nonne, elle est Soeur Maria quand elle arrive à Galveston, au Texas. Elle n'est pas là par hasard, elle cherche le révérend Alister Coyle, celui-là même qui dirige l'orphelinat pour jeunes filles de la ville. Sous couvert de cette nouvelle identité, elle est hébergée quelques jours au sein de son institution. Le décès d'une pensionnaire et surtout la tentative de suicide de l'une d'elles ne laissent aucun doute sur le comportement malsain et les sévices commis par... Lire la suite
:::: AVIS POUR L'EDITION GRAND FORMAT ::::
Autant être clair, ce n'est pas le scenario que je plébiscite dans ce 2° tome.
Les personnages - et surtout les décors - sont bien traités mais l'intrigue est trop peu crédible, ou disons trop banale, pour venir m'interpeller.
C'est plutôt le rythme et le sens du découpage de L. Astier que j'apprécie. Il se dégage de ses pages une énergie qui rend la lecture accrocheuse.
D'ailleurs, à moins d'être allergique au noir & blanc, cette série gagne à être lue dans l'édition grand format qui bonifie le dessin en révélant sa richesse et en lui apportant une force que la version courante peine à atteindre.
Pour ma part c'est assez rare, mais malgré le fait que je n'ai pas lu le 1er tome, j'ai énormément apprécié cette BD. En plus le scénariste a fait en sorte que les réferences au passé soit en flash back. Tout est très fluide, l'histoire, les dessins. Une très bonne BD
Ce deuxième album riche en rebondissements a véritablement monté d'un cran. Autant je reprochais au 1er tome de beaucoup trop réutiliser les codes du western sans les révolutionner (saloon, prostitués, indiens, désert, vengeance...), autant ce second tome les abandonnent complètement, à tel point qu'on a presque plus l'impression d'être dans un western. Et ça me plait énormément !!! Orphelinat, religion, océan, ouragan, New York et tempête de neige sont nos compagnons de route.
Les flash-back racontant la jeunesse d'Emily sont plus nombreux et eux aussi beaucoup plus intéressants pour l'histoire. Ils sont intelligemment placés pour être au plus près de l'intrigue principale, et notamment de la quête vengeresse d'Emily. Cela nous permet de comprendre comment et pourquoi elle en est arrivée là, et en quoi cela influe ses décisions.
Noirceur, violence, drames et insécurité sont omniprésents tout au long de l'album (alors que dans son prédécesseur ces éléments étaient complètement inexistants). L'auteur a d'ailleurs parfaitement mis en parallèle cette violence humaine avec la violence de la nature. Cela confère à l'ensemble encore plus d'angoisse et de profondeur. On sent bien que des choses terribles vont arriver.
Mais cela est aussi du au superbe dessin, et notamment aux visages menaçants dont les expressions sont puissantes. C'est un régal.
Les décors sont eux aussi maîtrisés, avec notamment toute la scène se déroulant de nuit pendant l'ouragan qui est une des plus belles qui m'ai été donné de voir en bande dessinée.
La série étant prévue en 5 tomes et Emily ayant 5 cibles à abattre, on se doute bien qu'il y aura une intrigue propre pour chaque album mais avec un fil conducteur sur l'ensemble de la série.
Deux autres points positifs présents sur tous les albums.
D'abord, les carnets d'Emily en fin d'album qui donnent encore plus d’authenticité à l'histoire.
Ensuite, les parcours tracés (en 2ème et 3ème de couverture) qui permettent de suivre géographiquement le périple d'Emily enfants (avec les flash-back) et adulte. Cela permet aussi de nous repérer et de nous situer dans l’histoire.
Même si je trouve que La Venin a traîné de la patte sur le premier tome, c'était sans doute pour installer tout le background, qui du coup a pu dans ce second tome déployer pleinement tout son potentiel.
La série se place sans hésiter parmi les plus grandes et les plus maîtrisées du genre. J'ai hâte de lire la suite.
Les deux premiers tomes sont sympas.
Cependant, la trame de fond est très classique, avec une histoire de vengeance.
De plus, je trouve le second tome nettement moins réussit, par exemple je trouve que l'héroïne se sort de nombreuses situations par chance ou grâce à son "ange gardien indien", qui lui aussi m'exaspère par sa façon d'être toujours là au bon moment...
Après, le scénario est intéressant et l'on a envie de connaître la suite, les dessins sont bons et les carnets d'Emilie en fin d'album sont très enrichissants, un véritable plus à l'histoire.
Un western moderne avec un scénario très riche et un dessin agréable….
Un bon moment de lecture avec une héroïne très sexy.
On attend la suite avec plaisir.
Emily, la Venin, poursuit sa vengeance dans un orphelinat au Texas dans la ville de Galveston en ce faisant passer pour une bonne sœur. Sa cible : le révérend Allister Coyle ! Celui-là même qui bien des années plus tôt avait voulu acheter Emily dans un bordel de la Nouvelle Orléans.
Tout ne va pas se passer exactement comme elle l’avait imaginé bien qu’au bout du compte le résultat soit là.
L’album est truffé de « flash-back » qui reviennent sur la vie d’Emily. Vie empreinte de fuites et de malheurs divers qu’elle doit surmonter et qui vont forger son caractère.
Laurent Astier nous délivre une suite aussi flamboyante que le tome 1. Le scénario, plein de surprises, est prenant et les allers retours sur la vie d’Emily ne sont pas un frein à la fluidité de l’histoire qui profite d’un graphisme de haute volée. Bravo et vive la suite !
L’été meurtrier
Oklahoma, Fort Sill, Août 1900 : les hommes du colonel et les agents Pinkerton partis à la poursuite d’Emily rentrent bredouilles : « La Venin » leur a filé entre les doigts et la fille du gouverneur qu’elle a abattu dans le T1 a mis sa tête à prix. Désormais tous les chercheurs de primes de l’Ouest vont être à ses trousses. Au même moment, Emily toujours déguisée en nonne arrive à Galveston, Texas, et se rend dans l’orphelinat pour jeune filles dirigé par le révérend Coyle. Est-ce juste un stratagème pour échapper momentanément à ses poursuivants et pouvoir se reposer avant de repartir ? Pas sûr …
De « la Poison » à « la Venin »,
La couverture de ce deuxième tome semble rendre hommage, une fois encore, au western et plus particulièrement au film « Sierra torride » dans lequel une jeune prostituée - interprétée par Shirley Mac Laine- se déguisait en nonne pour échapper aux hommes à ses trousses; mais, comme dans le premier tome qui s’ouvrait sur un hommage à « il était une fois dans l’Ouest » pour s’en démarquer presque instantanément, Emily nous bouscule et nous emmène là où on ne l’attend pas !
Dans cet album, elle est « infiltrée », comme la jeune policière Claire/Clara l’héroïne précédente de Laurent Astier dans un milieu qui n’est pas le sien. Elle va y découvrir des choses qu’on aimerait bien laisser cacher comme la mort inexpliquée de l’une des jeunes pensionnaires ; elle va aussi assister à la tentative de suicide d’une autre petite fille qu’elle va sauver. Pour cette partie de l‘intrigue, Astier a peut-être été influencé par les scandales de pédophilie au sein de l’église qui agitaient la France au moment de l’écriture de cet album mais cette dimension « polar » a surtout pour vocation de développer le personnage principal.
En effet, même si nous en avions eu un aperçu avec son geste pour les Indiens de Fort Sill, nous percevons davantage ici comme elle est capable d’empathie et n’agit pas simplement comme une machine tendue vers sa seule vengeance. Elle s’humanise et montre des sentiments presque maternels.
Itinéraire d’un(e) enfant (pas) gâté(e)
La petite orpheline, Claire, qui lui ressemble beaucoup physiquement permet également de relancer les flash-backs sur l’enfance d’Emily. Comme dans le tome 1 nous retrouvons en pages de garde le double itinéraire de l’héroïne éponyme : son voyage en tant qu’adulte et celui qu’elle effectua enfant. Dans ces retours en arrière signalés graphiquement par un arrondi des cases elle apparaît déjà en fuite perpétuelle : elle tente d’échapper aux agresseurs de sa mère et se retrouve successivement à New York puis dans le Tennessee. Les flashbacks sont plus développés dans ce second opus, moins dans l’action et plus psychologiques. D’une façon presque naturaliste, ce retour à l’enfance nous donne des clés pour comprendre la personnalité de la Venin en dressant un réseau d’échos et de parallélismes entre la situation de Claire et celle qui fut la sienne : trahie par ceux qui devaient la protéger, élevée à la dure dans un puritanisme absurde.
Les références aux classiques de la littérature américaine effectuées par le scénariste permettent de justifier le côté lettré de la jeune femme (et rend donc vraisemblable l’écriture des « Carnets » qu’on trouve à la fin du livre) mais dressent aussi un portrait en creux. Dans le tome 1, elle citait ainsi « La lettre écarlate » d’Hawthorne qui rappelait sa situation d’enfant née du péché ; dans les flashbacks du tome 2, on la voit dévorer « Le Prince et le pauvre » de Mark Twain qui est fondé sur l’usurpation d’identité et l’idée que l’habit fait le moine , or comme le rappelle l’un des agents qui est à ses trousses, elle est « passée maître dans l’art de se déguiser » . Enfin, quand elle est à l’orphelinat, elle cite Melville au révérend Coyle et raconte l’histoire de « Moby Dick » aux petites filles. Or, ce dernier roman est fondé sur le thème de la vengeance : Achab poursuit le cachalot jusqu’à en devenir fou parce qu’il lui a arraché une jambe. Emily poursuit, elle, les assassins de sa mère …
V comme …Vendetta !
…ou V comme Venin ! Le tome 1 débutait « in media res » par un flashback en 1885 dans un bordel luxueux où William (un habitué des lieux, il y vient depuis ses 15 ans) profitait des charmes de ces dames en compagnie de quatre amis de son université et découvrait la petite Emily sur laquelle ils jetaient tous leur dévolu. Ils étaient cinq dans cette scène d’exposition, cinq comme les cinq actes d’une tragédie, cinq comme les cinq tomes de que comptera la série !
Dans le tome 1, on comprenait que Eugène O Grady, le sénateur froidement assassiné par Emily était l’un d’eux ; dans ce deuxième tome qui développe la dramatique soirée à Yale de décembre 1887, on en rencontre un autre et l’on devine donc que chaque volume restant devrait être consacré à la traque puis à l’élimination méthodique des agresseurs de Liberty. Ici, Emily rappelle une autre actrice à qui elle se met étrangement à ressembler : Isabelle Adjani dans « L’été meurtrier » …
Dans ce tome 2, on n’est plus dans un tome d’exposition donc l’intrigue se resserre et s’éclaire : on a davantage l’impression de savoir où l’on va (quoi que …), mais l’on se demande cependant pourquoi l’éclaireur apache la suit comme son ombre, à qui s’adresse les câbles qu’Emily envoie, qui est le Michael Graf qui apparaît dans les dernières pages dans le lieu mythique et légendaire qu’est Tombstone (la ville de « règlement de comptes à OK corral) et ce qui s’est réellement passé lors de la nuit de décembre 1887 …
Laurent Astier nous laisse donc avec tout un tas de questions non résolues et effectue un tour de force scénaristique et graphique en convoquant en arrière fond de cette histoire déjà palpitante un événement historique qui ajoute une dimension supplémentaire et grandiose à son album. On a l’impression de se retrouver dans un film catastrophe dans des pleines pages somptueuses et terrifiantes aux couleurs superbes !
C’est bien une « lame de fond » parce que c’est un western innovant qui balaye tous les stéréotypes sur son passage (en rendant cependant toujours hommage au genre) et emprunte à divers courants : le polar, le film catastrophe, le roman d’analyse psychologique et même la peinture américaine car l’enfance dans le Tennessee n’est pas sans rappeler les tableaux de Winslow Homer. C’est à la fois très visuel et très écrit et extrêmement bien construit. La composition est toujours très dynamique et novatrice avec une alternance de plans, de tailles et forme de vignettes, des empiètements de dessins ou de phylactères d’une vignette à l’autre, des incrustations. Ça bouge beaucoup et pourtant on nous présente des personnages complexes et finalement attachants.
L’auteur nous donne rendez-vous en janvier de chaque année pour la parution d’un nouveau tome… Une année à patienter : ça va être très long tant « la Venin » est une série addictive!