Blast
3. La Tête la première
Une BD de Larcenet, Manu chez Dargaud - 2012
10/2012 (05 octobre 2012) 200 pages 9782205071047 Autre format 168658
Toujours en garde à vue après la mort d'une jeune femme, Polza Mancini déroule ses souvenirs d'errance, sa quête éperdue du « blast » ces moments magiques qui le transportent ailleurs, mais aussi ses séjours en hôpital psychiatrique, ses terreurs et ses cauchemars.
Polza continue de décrire son histoire, toujours teintée de noirceur, de violence et de folie. Certains passages sont très durs mais l'arrivée de Carole apporte une touche de douceur et un vent nouveau. Le dénouement étant connu d'avance, tout ceci reste déroutant et on brûle de comprendre....
Avant-dernier tome de la série Blast, Manu Larcenet délaisse quelque peu la recherche et la sensation de "Blast" mais va plus loin encore dans le sordide. De fait un passage du livre est très dur et on peut d’ailleurs se demander s’il était nécessaire d’aller jusque là. Si auparavant on pouvait avoir de la peine et de l’empathie pour Polza cela va bien au-delà de ça après ce troisième tome. Et pourtant, malgré cela il est bien difficile de lâcher prise une fois la lecture commencée d’autant que la fameuse Carole Oudinot apparait enfin et que le puzzle promet d’être résolu au prochain tome.
Voilà presque un an que les 3 tomes de Blast étaient posés sur mon étagère, neufs et vierges. Fan de Larcenet de la première heure, je savais que j'allais sauter encore plus loin que le combat ordinaire des délires humoristiques de ses débuts. Ce n'était pas le moment avant. Ce 11 novembre sombre dans mon âme se prêtait bien à enquiller 600 pages de gris et de tréfonds d'humanité.
Graphiquement c'est dantesque. Ce qui est moche à décrire devient léché. Ce qui est intense dans les personnages est évident. Ça se lit vite parce que c'est bien travaillé.
L'histoire est un voyage cérébral dans ce qui pourrait nous arriver dans l'abandon volontaire ou une recherche de soi quand le confort ne compte plus. A la fois le déroulé est lent et les expériences décrites sont nombreuses.
Ce n'est absolument pas un polar, Blast ne plaira pas aux seuls amateurs d'intrigue. Il faut souhaiter explorer de la noirceur sans solution logique pour aimer Blast.
Pour m’intéresser par d'autres lectures à l'univers des marginaux de la société, je pense à l'inverse d'autres avis que la description est très réaliste.
Ce que l'on craignait à la lecture du second tome se confirme avec ce "La Tête la Première" qui enthousiasme (sur le plan graphique) et désespère à la fois (sur le plan narration) : "Blast" est plus un exercice de style qu'un grand thriller-métaphysique comme on l'avait espéré un moment. Exercice de style "graphique" donc, parce que Larcenet multiplie ici les audaces, les inventions, et nous livre encore une fois quelques pages sublimes (... enfin, à condition d'aimer le noir !), qui méritent qu'on fasse une pause dans la lecture accélérée de "Blast" pour apprécier son travail. Je parle de lecture accélérée car, curieusement, "Blast" se lit très vite, non pas comme on lirait un polar haletant dont on se hâterait de tourner les pages, non, plutôt comme un bouquin à la fois un peu vide et vaguement ennuyeux, auquel on ne prend pas la peine de donner le temps de s'insinuer dans notre cerveau. A force de tourner en rond et de ne faire avancer ni son scénario, ni ses personnages, englués à perpétuité dans leur misère, leur folie ou leurs haines, c'est selon, Larcenet a fini par nous "aliéner" : la dernière chose dont on a envie, c'est de ressentir la moindre empathie pour Polzà, qui ne véhicule ici plus rien que son propre dégoût (ou celui de Larcenet) de l'humanité. Non, Larcenet n'est pas Céline, et "Blast" traduit surtout sa superficialité, ce qui est parfaitement rédhibitoire quand on a des ambitions "philosophiques". Oh, il reste dans ce troisième tome quelques très beaux passages, quelques belles phrases bien troussées, mais un sentiment diffus de vacuité, de stérilité, de répétition inutile finit par nous envahir. On espère très fort que le quatrième tome de "Blast" soit le dernier.