Blast
2. L'Apocalypse selon Saint Jacky
Une BD de Larcenet, Manu chez Dargaud - 2011
04/2011 (08 avril 2011) 208 pages 9782205067590 Autre format 123954
« Je mens... Je suis en feu, je suis gris, lourd, crasseux, mais je suis en feu. » Un homme seul dort dans les bois. Masse inouïe de plus de 150 kilos, il est parti un beau matin, laissant sa vie d'avant, à la recherche du blast, ce court instant de perfection, flash improbable, qui survient parfois, lorsque, oubliant sa graisse, il parvient à voler. Après un premier tome prix des libraires 2010, Manu Larcenet signe un immense roman graphique, noir et âpre, d'un humanisme bouleversant.
Dans ce second tome, on poursuit le chemin de Polza, avec une 1ère partie très solitaire et une seconde plus accessible et classique avec la rencontre avec Saint-Jacky. La folie et le sordide ne sont pas loin, mais cette œuvre très sombre continue de fasciner.
Dans la continuité du précédent, Manu Larcenet prouve encore avec ce second tome son talent artistique et narratif. Le rythme est excellemment bien maîtrisé, et certaines scènes sont dotées d'une force hors du commun. Du beau travail autour de ce personnage marginal, étrange et dangereusement complexe.
Ce second volume confirme tout le bien qu’on avait pensé du premier. Polza continue son récit entre galère, fragment du passé et recherche de liberté. Sur sa route, il croisera un drôle de personnage, "Saint Jacky", qui lui permettra de goûter au blast apocalyptique mais cet énergumène n’est peut pas celui qu’on croit…Toujours brillamment illustré, Blast continue de nous tenir en haleine et de nous offrir un récit hors norme.
Polsa Mancini est gras, sale et fou. Contraint dans un corps accablant, il s’est résigné à une vie de renoncement jusqu’à ce qu’il fasse l’expérience du blast. Une sorte de révélation de l’esprit qui l’a sérieusement perturbé et qui l’a conduit dans une salle d’interrogatoire, face à deux policiers.
L’enquête policière est un prétexte pour dérouler le récit du personnage. Il se raconte au grès de ses élucubrations et décrit son voyage de solitude et d’ivresse, “les plus beaux mois de son existence”.
Les personnages sont laids et l’ambiance m’a semblé lourde, voire malsaine. Les dessins sont très noirs, charbonneux. Seules les planches illustrant le phénomène du blast sont colorées même s’il s’agit, pour moi, d’une cacophonie de dessins et de couleurs.
Vous l’aurez compris, “Blast” est une BD très torturée à laquelle je n’ai pas été sensible.
http://bdsulli.wordpress.com/
Il est des formats de bande dessinée que peu d'auteurs oseraient proposer à un éditeur. "L'Apocalypse selon Saint Jacky" contient pas moins de 200 pages quasiment toutes en noir et blanc. Ajouter à cela que le thème de l'histoire tourne autour du dépouillement matériel, d'une certaine forme de recherche spirituelle ou encore de la désocialisation, et vous obtenez ce qu'il est communément appelé une œuvre difficile.
Mais seulement voilà, quand le dessinateur et le scénariste ne sont autres que Manu Larcenet, il faudrait de la part d'un éditeur être fou pour ne pas publier cette histoire et de la part d'un lecteur lambda être oublieux de séries telles que " Le Combat Ordinaire ou "Le retour à la Terre". Quand on se souvient des planches de Larcenet chez Fluide Glacial avec son héros "Bill Baroud", on se demande quel trajet étrange a pu suivre son cerveau pour arriver à une histoire aussi noire et désenchantée que celle qu'il nous propose ici. Même si on sentait poindre dans "Le Combat Ordinaire" une forme de dépression ou de doute mélancolique, on peut avoir quelque légitime inquiétude sur le moral de Larcenet à la lecture des premières planches du présent ouvrage.
L'ensemble des dessins est en lavis de gris ; les couleurs, toutes en crayonnés enfantins, ne sont employées que quand le héros, Polza Mancini, parvient à atteindre ce qu'il nomme l'état de blast. Le blast désigne habituellement les effets sur l'intérieur d'un corps provoqués par une explosion. Ici c'est presque la même chose excepté que l'explosion n'est pas provoquée par une bombe mais par un choc psychique. Dans le tome précédent c'est la mort du père du héros qui avait déclenché son premier blast. Depuis, notre héros a quitté son travail et vagabonde sur les routes pour tenter de retrouver cet état de blast.
On retrouve dans cet album quelques obsessions de Manu Larcenet. Au delà des relations père-fils ou du manque de sociabilisation, on retrouve l'aversion de l'auteur pour les chasseurs et pour la violence de groupe. L'histoire policière, quant à elle, commence à structurer de plus en plus le récit, tandis qu'est de plus en plus accentué le dégoût du héros de lui même, et qu'est développé d'avantage encore le sens de sa démarche.
bullesbd.fr
On attaque ce deuxième tome de "Blast" avec pas mal de réticences, tant les premières pages sont dans la continuation du premier tome, et tant Larcenet semble tourner en rond dans la noirceur absolue de son récit. Pour tout dire, malgré le travail graphique toujours remarquable, on s'ennuie un peu... Et puis, à partir de la rencontre avec Jacky, la narration s'intensifie de nouveau, les sensations se font plus brutales, et nous voilà happés de nouveau par la "magie noire" de "Blast", jusqu'à la conclusion quasi-haletante de ce deuxième volume (bon, c'est un thriller métaphysique, mais c'est quand même une sorte de thriller, non ?). Ah oui, signalons aussi les pages sur le concert de rock sont tout simplement exceptionnelles, dans leur expression parfaite de ce qu'est la force de la musique.
Album très attendu, en tout cas pour moi.
Après un premier opus décoiffant et étonnant, Larcent nous amène dans un univers plus glauque, où Mancini cotoie la lie de la sociéte. Album noir, sombre qui donne parfois la nausée tant l'histoire de Polza nous prend aux tripes.
Si l'enquête policère avance à travers les confessions de Polza, j'ai tout de même l'impression que le Blast s'éloigne de notre écrivain-clochard, même sous l'emprise de substance illicite.
En effet, le personnage, Saint Jacky, qui donne le titre à ce second opus, occupe une grande majeure partie de l'album.
Mais c'est surtout la beauté et l'originalité du graphisme de Larcenet qui éclate à chaque page.
Mélant dessin en noir et blanc, à la couleur,pleines pages et" gaufrier", cadres panoramiques et cadre rectangulaires, il nous livre là une fantastique palette de son talent.
A dévorer évidement.